Non le cirque ne se meurt pas ! Et encore moins le clown ! C'est en substance le propos de Franck Desmaroux, de la compagnie de la Lanterne magique qui, mardi soir sur la scène du centre culturel éclairera sous un jour résolument nuancé le festival des clowns
Entretien avec l'artiste à la veille du lever de rideau.
Contrairement aux organisateurs du festival des clowns qui déplorent un lent déclin du cirque et des clowns traditionnels, vous évoquez volontiers, vous, le « cercle sans fin » d'une évolution qui confine à l'éternelle renaissance du cirque. Expliquez-vous…
Le « clown traditionnel » auquel on se réfère ici n'a rien de traditionnel ; il n'est que le clown des années 1970. Le vrai cirque traditionnel, c'est autre chose. J'ai un ouvrage sur le cirque qui date de 1870 et lorsque je le lis, j'ai l'impression que l'on me parle de cirque contemporain. Le Cirque du soleil - que j'admire - n'a rien de plus formidable à mon sens que les spectacles donnés autrefois sur des hippodromes. Il me semble au contraire que nous assistons à une renaissance du cirque qui se nourrit de ses racines or le cirque, c'est depuis la nuit des temps l'éternelle quête de la performance et cela n'a rien à voir avec les stéréotypes aujourd'hui véhiculés. Le cirque, c'est le théâtre antique qui a débouché sur le cirque romain, lequel a donné naissance à la commedia dell'arte qui elle-même a donné naissance aux clowns. C'est la commedia dell'arte qui a inspiré Molière, lequel intégrait à ses spectacles des jongleurs, des danseurs, des acrobates…
Le cirque ne serait rien d'autre en somme qu'un subtil mélange des genres en constante évolution ?
Il faut en finir avec la dichotomie cirque-theâtre. La tradition est celle de la critique sociale ; celle de l'autocritique de l'être humain par le jeu des émotions et de la performance. Le problème de notre époque réside dans son besoin de tout catégoriser. Savez-vous que « jongleur » signifie à l'origine « parleur » ?
Comment celui qui jonglait avec les mots en est-il arrivé à jongler avec des objets ?
Dans cette perpétuelle quête de performance, les artistes savaient tout faire ou, en tout cas, beaucoup de chose et ce « tout » fait partie d'une histoire car l'artiste se nourrit de chaque chose.
Et où situez-vous le clown dans ce « tout » ?
Le clown, c'est le summum de l'art. Savez-vous que le clown est né chez les Grecs dans les prières à Dionysos qui n'est pas seulement le dieu du vin mais aussi celui des excès et du théâtre. Elle est
là, l'âme traditionnelle du clown ; dans le petit monstre qui est en nous. On l'associe à tort au public des enfants car il incarne en vérité la part d'enfance qui est en chacun de nous.
La part de rébellion qui sommeil en chaque être humain ?
Très précisément et probablement la vraie difficulté du clown contemporain réside t-elle dans cette nature rebelle.
Lorsque l'on est clown, on entre dans l'arène parce que l'on appuie sur les ressorts humains pour faire rire les gens d'eux-mêmes. Mais quand on catégorise, quand on stéréotype, au fond, on refuse le clown qui est en nous et c'est là la colonne vertébrale de L'aventure continue, le spectacle que nous interpréterons mardi.
Combien êtes-vous sur scène ?
Neuf, autour du clown Pipo. qui, lui, a été formé par son père (NDR : le grand Pipo Sosman qui, avec Grock, figure parmi les plus grands artistes de cirque du XXe siècle).
Je m'offre son concours et je l'offre aussi à mes enfants et c'est une émotion extraordinaire. Lui, justement, est imprégné de cette culture traditionnelle dont il est ici question.
Dans le spectacle, il est l'âme du clown qui traverse les époques. Depuis la loge où il se prépare (devant le public), il se souvient, à moins qu'il ne rêve, des époques, des genres, des générations et des traditions. Ce sont ces souvenirs et ses rêves que les autres artistes, adultes et enfants, réalisent autour de lui.
Et pipo se maquille ; Pipo s'habille… Rentrera t-il au final en scène dans cette époque qui repousse le clown ?
LES RENDEZ-VOUS TERNOIS
- Vendredi 4 février à 20h30 : soirée d'ouverture.
- Mardi 8 février à 20h30 : L'aventure continue avec la compagnie de la Lanterne magique.Tarif: 6€.
- Mercredi 9 février à 14h30 : séance jeune publique de clowns traditionnels avec les Marchellos et Cracra et Momo. Tarif: 2€.
- Vendredi 11 février à 20h30 : Thomas Delvaux dans Thomas fait son cinéma.Tarif: 6€.
- Samedi 12 février à 20h30 : soirée de gala avec les Rossyan (France-Italie), les Carios (Suisse), les Tukis clowns (Espagne), Rick et Bouboule (France), Bouly et Picolo (Chauny) et le Tony Miller Orchestra. Tarif: 10€.
Renseignement et réservation au centre culturel au 03 23 40 24 40.
http://www.aisnenouvelle.fr/index.php/cms/13/article/507081/FESTIVAL_DE_CLOWNS___Le_festival_sur_la_piste_des_monstres_sacres
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