Ce soir-là, le public était chauffé à blanc. Il est 22 heures, l’entracte touche à sa fin et les quatre mille spectateurs improvisent un concours d’applaudimètre pour signifier leur impatience. Sur le fond de la scène en forme de papillon aux ailes déployées, l’orchestre envoie la musique: un bon funk rock chanté dans une novlangue, mélange d’arabe, de suédois et d’allemand. Une horde de joyeux drilles aux tenues loufoques et colorées investit la scène avec un énorme matelas et une balançoire. Le numéro de "la balançoire russe" peut débuter. Les artistes, catapultés à 9 mètres de hauteur, exécutent des acrobaties aériennes vertigineuses avant de retomber sur leurs pieds ou sur une pyramide humaine.
Si le spectacle Saltimbanco affiche déjà presque vingt ans au compteur, il impressionne comme au premier jour. Créé en 1992, il avait, par ses prouesses techniques et son univers baroque, ouvert les portes du monde au Cirque du Soleil. Et assuré un succès planétaire à la compagnie fondée au milieu des années 1980 au Québec par une troupe de théâtre de rue (échassiers, cracheurs de feu, jongleurs…) emmenée par Guy Laliberté et Gilles Sainte-Croix.
Une multinationale du cirque
Aujourd’hui, le Cirque du Soleil s’impose comme une multinationale du cirque et du divertissement avec un chiffre d’affaires estimé à 900 millions de dollars par an, 23 spectacles présentés simultanément dans le monde (dont 7 à Las Vegas). En 2010, près de 10 millions de spectateurs dans le monde ont assisté à un spectacle de la troupe. De tous les shows de la compagnie québécoise, Saltimbanco (de l’italien, "sauter sur un banc") reste le plus emblématique du cirque traditionnel. Même s’il s’en démarque par l’absence d’animaux domptés et un univers singulier et kitsch, entre commedia dell’arte et comédie musicale façon Broadway.
Une ode aux arts circassiens, sans débauche technologique sophistiquée ni prétentions artistiques. Seule la prouesse physique et la virtuosité technique comptent. La première partie du spectacle est dédiée aux disciplines terriennes: adagio et contorsion, jonglerie avec balles rebondissantes, mâts chinois pris d’assaut par des acrobates revêtus de costumes bariolés. La seconde partie, aérienne, se regarde du début à la fin, tête en l’air, bouche bée. Après la balançoire russe, place au trapèze avec les sœurs jumelles Ruslana et Taisiya.
Le spectacle alterne numéros virtuoses et chorégraphies colorées exécutés par l’ensemble des artistes, tour à tour danseurs, simples figurants ou gentils énergumènes venus taquiner, dès le début du spectacle, le public dans la tradition du théâtre de rue. Mention spéciale au clown Eddie. Il livre un sketch drolatique après avoir recruté un spectateur pour un duel au colt façon Far-West. Le tout, sans décor, sans prononcer un seul mot, mais avec une gamme de sons impressionnante sortie de sa seule bouche.
Saltimbanco. Du 5 au 9 janvier, au Zénith Arena, de Lille; puis du 13 au 16 janvier, à Paris, Bercy.
http://www.lejdd.fr/Culture/Spectacle/Actualite/Le-show-baroque-du-Cirque-du-Soleil-251479
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