jeudi 31 mars 2011

Sandrine Savajols : une instit itinérante pour les enfants de la balle

Le soir, Laura Gruss, 11 ans, dresse les chevaux sur la piste du cirque fondé par sa grand-mère. Le jour, comme toutes les fillettes de son âge, elle est en classe. Il faut dire que le cirque Arlette-Gruss a la chance d'accueillir en son sein une petite école. Sandrine Savajols, 27 ans, en est l'institutrice depuis septembre. « C'est un peu comme si on était dans un village de campagne avec une classe unique », explique-t-elle. Sauf que la caravane école n'est pas installée dans un petit hameau du Jura ou de l'Allier, mais en plein coeur de Lille : sur le Champ de Mars, où le cirque a posé ses valises jusqu'au 3 avril.
Les élèves ont entre 2 et 7 ans, même si une table est réservée aux collégiens, comme Laura. Ceux-là suivent des cours par correspondance, mais ils viennent en classe pour avoir des horaires fixes. Tous les enfants du cirque sont réunis ici : fils et filles d'artistes - jongleurs, dresseurs ou acrobates - mais aussi de mécaniciens ou du personnel administratif. Les élèves rejoignent l'école en même temps que leurs parents intègrent la troupe. Tous ne sont pas Français. Catalina a 3 ans. Lorsqu'elle est arrivée, la petite fille ne parlait que l'espagnol. « Elle suit la classe depuis janvier, et déjà, elle comprend la plupart des consignes. En juin elle parlera le français couramment », assure la professeure des écoles.
Elle a choisi de suivre le cirque presque par hasard, après avoir enseigné cinq ans. « J'ai vu l'appel d'offres et j'y ai répondu. Je n'y avais jamais pensé avant mais je me suis dit pourquoi pas ? », explique-t-elle simplement. « J'ai toujours aimé le cirque, mais on ne peut vraiment le connaître que de l'intérieur. » L'aspect itinérant de son travail ne semble pas l'émouvoir. « Ça fait partie du jeu », répond-elle dans un haussement d'épaules.
À sa manière, Sandrine Savajols est aussi une acrobate : il lui faut jongler entre les classes d'âges et s'adapter à chaque élève. Il n'est pas rare de lui voir faire le grand écart. Un instant, elle aide Kimi à terminer un puzzle, et quelques minutes plus tard, elle explique à Antoine, 15 ans, comment distinguer une fonction linéaire d'une fonction affine. « C'est une gymnastique intellectuelle », sourit-elle.
Une cour de récréation de fortune est aménagée entre le chapiteau et les semi-remorques du cirque. Pour les cours de sport, la petite troupe s'installe carrément sous le chapiteau. Les enfants prennent ainsi la mesure de la piste : les feux de la rampe font déjà rêver certains, comme Liam, 6 ans. « Papa m'apprend à jongler. Mais pour le clown, j'apprends tout seul », précise-t-il. Les entraînements se font après 17 h : pas question d'empiéter sur le temps de classe. « Les enfants n'ont donc pas de devoirs, pour leur dégager du temps. En revanche, ils travaillent le mercredi, pour rattraper les jours de voyage, explique la jeune femme. Sans ça ils peuvent perdre jusqu'à un mois et demi de classe. » Pour les parents, la formule est idéale. Les enfants sont conscients que leur vie en fait rêver plus d'un, même si les plus âgés aspirent parfois à une vie plus normale. •
http://www.lavoixaufeminin.fr/actualites/portraits/2011/03/30/article_sandrine-savajols-une-instit-itinerante.shtml

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